par le peintre russe Guennady.
Russie.net
Bonjour Guennady ! Merci d’avoir accepté de nous donner un cours en direct sur Russie.net. Nous voudrions aborder l’aspect franco-russe de l’histoire de l’Ermitage qui tout le monde le sait est très riche en peinture française et notamment avec beaucoup d’impressionnistes. Comment ces tableaux sont arrivés en Russie ? Beaucoup de passionnés d’art ne connaissent pas véritablement le parcours de ces œuvres.
Guennady
Bonjour, chers amis internautes de Russie.net et amis de la Russie. Je suis content de vous retrouver sur la toile (remarquez, je suis plus habitué d’avoir affaire à la toile de lin !) Je suis particulièrement heureux de répondre à votre demande puisque la question des œuvres française au musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg semble aujourd’hui être à la une de l’actualité : vous le savez sûrement, l’un des descendants de Matisse a essayé de contester par tribunal italien l’appartenance des tableaux de Matisse à l’Ermitage lors de l’Exposition de l’Ermitage à Rome.
Mais commençons par le début. Dans votre reportage consacré à l’exposition de Catherine II, vous expliquez la provenance des camées du Duc d’Orléans. Catherine II était véritablement passionnée par l’Art ! Pendant son règne, elle a mis en place un remarquable réseau d’achat des œuvres d’art à l’étranger qui fonctionnait par l’intermédiaire de ces diplomates, ambassadeurs, ces amis très proches et indicateurs-spécialistes d’arts. Elle n’hésitait pas à payer le prix fort dès qu’elle apprenait que telle ou telle collection était disponible sur le marché. Quant on parle de marché, il s’agit des collections privées que les propriétaires (la plupart, très riches représentants de la noblesse et de la haute société) étaient obligés de vendre parfois à cause de problèmes d’endettement.
Russie.net
Donc, on peut dire que l’histoire de l’Ermitage dite franco-russe a commencé sous Catherine II ?
Guennady
Non, bien avant justement. Je vais vous parler du département de l’Art de l’Europe occidentale. Des œuvres européennes avaient fait leur apparition en Russie bien avant : beaucoup y parvinrent notamment durant le règne de Pierre le Grand, mais leur rassemblement systématique ne commença que dans la seconde moitié du XVIIIème siècle. Les premières acquisitions faites sous Catherine II devaient avant tout servir à la décoration des salles du grand Palais d’Hiver nouvellement construit. Mais bientôt cette collection du palais cessa de jouer un rôle décoratif et devint, s’élargissant toujours, une véritable galerie d’art, jetant les bases du futur Musée de l’Ermitage.
Russie.net
Est-ce que nous connaissons la date du premier achat des œuvres d’Art en Europe ?
Guennady
La première collection d’œuvres d’art a été achetée en Europe en 1764 (date considérée comme celle de la naissance du Musée) et a été réunie au Palais d’Hiver qui pouvait déjà concurrencer les pinacothèques les plus renommées !
La croissance de cette collection fut extrêmement rapide. Le premier catalogue imprimé qui vit le jour dix ans après la fondation de l’Ermitage enregistrait 2080 tableaux, et une décennie plus tard le chiffre s’élevait à 2568. De plus, il ne s’agissait pas là d’une réunion composite de pièces de prix ou d’objets de curiosité, mais d’une galerie soigneusement choisie et contenant déjà certains chefs-d’œuvre.
Russie.net
Tout cela est extrêmement intéressant ! Parlez-nous de la première acquisition – le début de cette extraordinaire aventure qui deviendra quelques siècles plus tard (rappelons-le) un des plus grand musée du monde!
Guennady
Vous avez raison de le dire ainsi : les succès que connut Catherine II dans son activité de collectionneur s’expliquent sans doute par les heureuses circonstances de sa première acquisition. En 1764, elle reçut du marchand berlinois Gotzkowsky, débiteur du Trésor russe, un ensemble de 225 toiles où figuraient principalement des œuvres hollandaises et flamandes, notamment le Portrait de jeune homme au gant de Frans Hals et Adam et Eve de Hendrick Goltzius. Ces toiles avaient été rassemblées pour Frédéric II, mais ce dernier se vit obligé de les céder, car les difficultés financières causées par la guerre de Sept Ans ne lui permirent pas cette dépense.
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