Plusieurs ordinateurs d’un réalisateur allemand auteur d’un film sur l’ex-homme d’affaires russe emprisonné Mikhaïl Khodorkovski qui doit être présenté en première mondiale au festival du film de Berlin ont été volés.

Selon la société de distribution Farbfilm-Verleih, le vol a été commis à Berlin dans les locaux de la société de production de Cyril Tuschi, auteur du film documentaire « Khodorkovski ».

Le film de Cyril Tuschi s’intéresse au comportement de Khodorkovski, ancien magnat du pétrole et ex-patron du géant pétrolier Ioukos, ennemi juré du Premier ministre russe Vladimir Poutine, et à celui des autorités russes dans le bras de fer à rebondissements qui les oppose.

En prison depuis 2003, Mikhaïl Khodorkovski a vu sa peine prolongée en décembre jusqu’à 2017, dans ce que beaucoup d’observateurs considèrent comme un règlement de comptes politique contre un homme d’affaires ayant tenu tête au Kremlin et qui finançait l’opposition.

La première mondiale du documentaire sur Mikhail Khodorkovski au festival de Berlin était annoncée comme un évènement. Elle n’aura pas lieu : les disques durs contenant le montage définitif du film que Cyril Tuschi a consacré à un des plus farouches opposants au régime de Vladimir Poutine ont été volés. Il y a quelques semaines, une première effraction avait eu lieu dans la chambre d’hôtel de Bali ou le réalisateur était parti travailler, les cambrioleurs avaient dérobé un premier disque dur. Tuschi avait pu reconstituer un montage à partir du matériel original resté à Berlin.

La seconde tentative aura été plus fructueuse : à quelques jour de la projection prévue, il est impossible de reproduire ce montage dans les délais. Qui plus est, Tuschi ne cache pas être inquiet, comme il l’a indiqué au Süddeutschezeitung : « Je suis dans un mauvais thriller, quelqu’un essaie de me faire peur, et j’avoue qu’ils sont en train d’y arriver ». La police allemande, qui n’a pas de piste pour l’instant, lui a fait comprendre qu’une protection pourrait devenir nécessaire.

D’autant plus que Tuschi a été directement menacé lors du tournage. « Nous étions en Sibérie, dans un train entre Novosibirsk et Chita, trois jeunes hommes nous ont attaqués. Ils étaient des membres locaux du KGB, et savaient exactement qui nous étions et pourquoi nous étions là ». Parmi les séquences importantes du documentaire, une interview de dix minutes avec Khodorkovski, actuellement emprisonné, pourrait être définitivement perdue.