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Après un rassemblement en demi-teinte, l’opposition russe au pied du mur

La mobilisation en baisse samedi lors du rassemblement de l’opposition russe met cette hétéroclite alliance au pied du mur, et elle doit développer une stratégie autre que celle des manifestations à répétition pour maintenir la pression sur le président élu, Vladimir Poutine.

Les organisateurs l’ont admis eux-même. Selon eux, 25.000 personnes sont venues à ce qui devait être le grand rassemblement pour dénoncer l’élection frauduleuse de l’homme fort du pays, alors qu’ils avaient revendiqué jusqu’à 120.000 manifestants à Moscou ces derniers mois.

Par ailleurs, le mouvement a montré des signes de division, les nationalistes quittant samedi la manifestation faute d’avoir pu s’exprimer à la tribune, au moment où Vladimir Poutine, élu avec 64% des suffrages le 4 mars, se prépare à prolonger son régime jusqu’à 2018 au moins.

Dès lors analystes et journalistes notent que les opposants doivent développer un véritable projet pour garder le bénéfice de la mobilisation des trois derniers mois, alors qu’en novembre encore défiler par dizaines de milliers contre le pouvoir était une chose inimaginable.

« Nous savons tous contre quoi nous sommes, désormais nous devons dire pour quoi nous sommes », résume, dans un entretien à Interfax Ksenia Sobtchak, la starlette qui anime depuis peu des émissions politiques.

« Autrement, toute notre lutte n’aura eu aucun sens (…) l’opposition ne doit pas être marginalisée », poursuit la fille du défunt maire de Saint-Petersbourg des années 1990 et parrain politique de M. Poutine.
Iouli Nisnevitch, professeur à la Haute école d’économie de Moscou, relève que l’un des grands défis sera de continuer de mobiliser les jeunes moscovites, nouveaux venus sur la scène politique et qui ont gonflé les rangs des protestataires grâce notamment aux réseaux sociaux sur internet.

« J’ai remarqué que le public des manifestations vieillissait. La jeunesse se montre de plus en plus tiède face à cette forme de protestation », relève l’expert, notant qu’un moyen doit être trouvé pour que ces jeunes agissent « pas seulement en ligne, mais aussi hors ligne ».

« Il faut quelque chose d’autre, passer à l’activité politique, former des partis qui institutionnaliseront la protestation. On ne peut pas avoir tout et tout de suite. J’espère que d’ici l’automne on aura de nouveaux partis, de nouveaux leaders », souligne Dmitri Orechkine, politologue et co-organisateur de missions d’observation des élections.

Si la victoire de M. Poutine, malgré la mobilisation sans précédent de ses détracteurs depuis 2000 et son arrivée au pouvoir, a eu l’effet d’un coup de massue pour certains, le bilan de la protestation née des législatives controversées de décembre est loin d’être négatif.

Pour Mikhaïl Fichman, éditorialiste au quotidien Vedomosti, la grande victoire de l’opposition est que Poutine n’a pas la majorité à Moscou (46%), une exception en Russie grâce à une armée d’observateurs qui est parvenue à limiter les fraudes.

« Les élections à Moscou ont échappé au contrôle du Kremlin », écrit-il, « le 4 mars, la verticale du pouvoir telle que nous la connaissons depuis dix ans, a été touchée en son coeur: la capitale », juge le journaliste.
Nikolaï Petrov, du centre d’analyse Carnegie, estime aussi que les opposants ont déjà marqué des points. « Les protestations ont déjà secoué le système politique (…) l’élite comprend que le système, dans sa forme actuelle, n’est pas viable », dit-il.

En attendant de déterminer son programme à long terme, les opposants ont indiqué qu’aucune manifestation de masse n’était prévue avant deux mois. Ils espèrent alors de nouveau mobiliser les foules en vue de l’investiture de Vladimir Poutine le 7 mai.

Après un rassemblement en demi-teinte, l’opposition russe au pied du mur

par | 13 Mar 2012 | 0 commentaires

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