Accueil 9 Infos 9 Politique 9 A Moscou, série de perquisitions chez les leaders de l’opposition anti-Poutine ( Page )

A Moscou, série de perquisitions chez les leaders de l’opposition anti-Poutine

Les autorités russes ont procédé à une série sans précédent de perquisitions chez des leaders de l’opposition lundi à Moscou, renforçant ainsi la pression sur les contestataires à la veille d’une manifestation mardi dans la capitale contre le président Vladimir Poutine.

Les perquisitions, une dizaine au total, ont été notamment effectuées au domicile du blogueur pourfendeur de la corruption Alexeï Navalny, du leader du Front de gauche Sergueï Oudaltsov, du dirigeant du mouvement Solidarité Ilia Iachine, et de la présentatrice vedette de la télévision Xénia Sobtchak.

Des policiers encagoulés, mitraillette en bandoulière, interdisaient l’entrée des immeubles où se déroulaient les perquisitions, selon des journalistes de l’AFP sur place. L’avocate de Sergueï Oudaltsov, Violetta Volkova, a indiqué à la radio Echo de Moscou avoir été empêchée par la police d’assister à la perquisition.

La police a également pris position devant le domicile de Boris Nemtsov, un ancien vice-Premier ministre du président Boris Eltsine, qui s’est révélé ne pas être chez lui.

« Boris Nemtsov se cache actuellement pour échapper aux enquêteurs », a déclaré le porte-parole du comité d’enquête, Vladimir Markine.

Dans une déclaration diffusée sur le site du comité, il a ajouté que plus d’un million d’euros avait été saisis chez Ilia Iachine et Xénia Sobtchak.
« Tout cela est une tentative de torpiller la manifestation de demain et de faire en sorte que moins de gens y participent », a estimé l’opposant Ilia Ponomarev, du mouvement Pour les Droits de l’homme.

« Les perquisitions chez les opposants à la veille du 12 juin, de même que la nouvelle loi (sur les manifestations) témoignent du renforcement des radicaux au sein du pouvoir », a estimé l’ancien ministre russe des Finances Alexeï Koudrine.

De leur côté, les Etats-Unis se sont déclarés « profondément préoccupés par ce qui ressemble fort à du harcèlement visant des figures de l’opposition russe », a indiqué Victoria Nuland, porte-parole du département d’Etat.

Des perquisitions ont également eu lieu au domicile de l’écologiste Evguenia Tchirikova et de trois militants de l’opposition, Alexeï Sakhnine, Mikhaïl Maglov et Maria Baronova, ainsi que chez les parents de Sergueï Oudaltsov et ceux d’Ilia Iachine, a observé le journal Novaïa Gazeta.

Le comité d’enquête a indiqué que ces opérations étaient liées à une enquête en cours sur la manifestation de l’opposition du 6 mai qui s’était terminée par « des désordres massifs ».

A l’issue de cette manifestation, qui avait rassemblé plus de 20.000 personnes, des heurts avaient éclaté, faisant plusieurs blessés parmi les manifestants et les policiers. Plusieurs centaines de personnes avaient alors été brièvement interpellées ainsi que les jours suivants, cependant que des opposants organisaient des sit-in dans le centre de Moscou.

Accusés d’avoir participé aux troubles du 6 mai, douze manifestants ont été arrêtés et risquent jusqu’à 10 ans de détention. Selon l’opposition, des provocateurs au service de la police avaient été à l’origine des heurts.

Toutes les personnes visées par les perquisitions lundi sont convoquées mardi pour interrogatoire au comité d’enquête, a précisé le Comité d’enquête.

Cette série de perquisitions témoigne apparemment de la volonté des autorités d’accroître la pression sur l’opposition, quelques jours après l’adoption par la Douma (chambre basse du Parlement) d’une loi controversée sur les manifestations.

Ce texte, promulgué vendredi dernier par Vladimir Poutine, augmente considérablement les amendes infligées à ceux qui enfreignent la loi -déjà considérée comme restrictive par l’opposition- concernant les manifestations.

Les amendes prévues en cas de rassemblement non autorisé ou de troubles à l’ordre public au cours de manifestations autorisées vont jusqu’à 300.000 roubles (7.300 euros) pour des personnes physiques et plus de 25.000 euros pour des organisations politiques.

L’Union européenne s’est inquiétée des « possibles implications de cette loi » qui a été dénoncée par l’opposition russe. Cette loi « équivaut à une interdiction des rassemblements politiques », a estimé le chef du parti d’opposition Iabloko, Sergueï Mitrokhine.

Réélu en mars dernier pour un troisième mandat présidentiel, après ceux effectués de 2000 à 2008 suivis par un intermède de quatre ans au poste de Premier ministre, M. Poutine est confronté à une contestation sans précédent depuis son arrivée au pouvoir.

Les premières grandes manifestations ont commencé en décembre dernier, après la victoire du parti de Vladimir Poutine aux législatives au cours desquelles l’opposition avait dénoncé des fraudes massives.

A Moscou, série de perquisitions chez les leaders de l’opposition anti-Poutine

par | 12 Juin 2012 | 0 commentaires

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Dans la même rubrique…

Au tribunal, Navalny dénonce la répression et accuse Poutine

Au tribunal, Navalny dénonce la répression et accuse Poutine

Risquant plusieurs années de prison, l’opposant Alexeï Navalny a estimé mardi au tribunal que son affaire visait à faire peur pour mettre fin au mouvement de contestation croissant des Russes, avant de prononcer un réquisitoire contre Vladimir Poutine.

Libérez Navalny et tous les prisonniers politiques en Russie

Libérez Navalny et tous les prisonniers politiques en Russie

Depuis le 17 janvier, Alexeï Navalny est en prison. Comme beaucoup d’opposants russes, il a été arrêté arbitrairement. Depuis plusieurs années, les autorités russes cherchent à le réduire au silence. Pourquoi? Parce qu’il est le principal opposant à Vladimir Poutine et parce qu’il dénonce la corruption du pouvoir.

Les alliés de Navalny assignés à résidence avant les manifestations

Les alliés de Navalny assignés à résidence avant les manifestations

Les autorités russes ont multiplié vendredi les mises en garde et les procédures judiciaires visant les partisans d’Alexeï Navalny, assignant plusieurs d’entre eux à résidence à deux jours d’une nouvelle journée de manifestations pour réclamer la libération de l’opposant.