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Marina Tsvetaeva

Marina Ivanovna Tsvetaeva est née à Moscou le 8 octobre (le 26 septembre selon l’ancien calendrier auquel elle se référa sa vie durant) 1892. Les thèmes tragiques qui jalonnent l’œuvre de Tsvétaéva sont dominés par un goût violent de la vie, du monde concret, des racines nationales russes et slaves. On trouve chez elle une attitude semblable à l’égard du langage, un sens aigu de la réalité physique du mot et des jeux de signification.

Son père, Ivan Vladimirovich Tsvetaev, était professeur en histoire de l’art à l’Université de Moscou. Au début de sa vie active, il fonda le Musée d’Art Alexandre III maintenant connu sous le nom de Musée Pushkine. Le père de Tsvetaeva était très absorbé par ses travaux qui le tinrent à distance de sa famille.

Sa mère avait espéré un fils avec des talents musicaux, mais lui vint plutôt une fille n’ayant aucun talent pour la musique, ayant plutôt un talent marqué pour l’écriture. La mère de Tsvetaeva essaya de détourner sa fille de l’écriture en se moquant et en détruisant ses premiers poèmes.

En 1903, la mère de Tsvetaeva fut atteinte de tuberculose, et la famille voyagea à l’étranger jusqu’aux derniers moments précédant sa mort en 1906. Durant cette période, Marina et Anastasia firent des études en Italie, en Suisse et en Allemagne.

À la suite de la mort de sa mère, Tsvetaeva abandonna la musique et se concentra sur la poésie. Elle étudia en autodidacte à Paris en 1909.

Sa première série de poèmes, «Evening Album», fut publiée en 1910. Cette publication attira l’attention du poète et critique Maximilian Voloshin, que Tsvetaeva décrira 23 ans plus tard dans «A Living Word About a Living Man». Voloshin fit la rencontre de Tsvetaeva et devint son ami et mentor. Elle passa beaucoup de temps chez Voloshin à Koktebel / Crimée, où l’on retrouvait des écrivains très connus.

A Koktebel Marina a rencontré son futur mari, un cadet de l’Académie des Officiers, Sergei Yakovlevitch Efron. Ils se marièrent en 1912. L’amour qu’éprouva Tsvetaeva pour Efron fut très intense, allant presque à l’obsession.
Tsvetaeva et son époux vécurent en Crimée jusqu’au moment de la révolution; ils eurent deux filles : Ariadna, ou Alya (née en 1912) et Irina (née en 1917).

Lors des événements de la Révolution russe, Sergei s’enrôla dans l’Armée Blanche, et Marina retourna à Moscou dans l’espoir de le rejoindre. Cependant, ils ne purent se rencontrer qu’au bout de cinq ans quand les Bolscheviks prirent Moscou. C’est alors qu’Efron partit en Crimée. Pendant leur séparation, Tsvetaeva écrivit une série de poèmes pro-Russie blanche publiée sous le titre «The Demesne of the Swans», ou «Swans’ Encampment». Ceux-ci seront ses seuls poèmes à teneur hautement politique.

Tsvetaeva a beaucoup souffert de la famine qui sévissait à Moscou. Son père est décédé en 1913 et elle ne put subvenir à ses besoins de même qu’à ceux de ses filles. En 1919, elle plaça sa fille cadette Irina dans un orphelinat, croyant qu’elle y serait mieux nourrie. Cette erreur tragique fit en sorte que Irina mourut de faim en 1920. Sa mort fut vivement ressentie par Tsvetaeva qui en éprouva une grande peine. Dans l’une de ses lettres, elle mentionna «Dieu m’as punie».

En 1921, après trois ans de silence, Tsvetaeva reçut des nouvelles de son mari. Il était vivant, en Allemagne. En Mai 1922, Tsvetaeva et Alya quittèrent l’URSS et rejoignirent Efron à Berlin. À Berlin, elle publia une série de poèmes, Separations, Poems to Blok et The Tsar Maiden.

En août 1922, la famille déménagea à Prague où Tsevetaeva eut une aventure passionnée avec Konstantin Rozdevitch, un ex officier militaire. La rupture d’avec Rozdevitch en 1923 lui aurait inspiré son magnifique «Poem of the End».

Durant cette période, une relation autrement plus importante débuta : L’échange de correspondances entre Tsvetaeva et Boris Pasternak, demeuré en URSS.

En 1925, la famille s’établit à Paris et y vécut durant 14 ans. Le dernier poème que Tsvetaeva a écrit à Prague fut une satire lyrique «The Rat-Catcher», inspiré de la légende de Pied Piper of Hamelin.

De plus, en 1925, naquit leur fils Georgy, ou Moor. Il fut le préféré de Tsvetaeva; elle l’aima de façon obsessive comme tous les hommes qui passèrent dans sa vie.

En exil comme à Moscou, Tsvetaeva vivait pauvrement. Son mari fut un éternel étudiant qui ne réussissait pas à conserver un emploi. De plus, il fut atteint de tuberculose, ajoutée aux problèmes familiaux. Tsvetaeva reçut une maigre pension du Gouvernement Czech qui soutenait financièrement les artistes et les écrivains qui avaient habité la Czéchoslovaquie. En dehors de ce maigre revenu, elle se débrouillait comme elle le pouvait par des récitals et la vente de ses oeuvres. Elle se dirigea de plus en plus vers la prose, car ce genre était plus payant que la poésie.

Tsvetaeva ne se sentait pas chez elle dans ce Cercle des écrivains émigrés russes de Paris. Même si elle écrivit des poèmes passionnés pro-Russie blanche durant la période de la Révolution russe, ses compatriotes émigrés pensaient qu’elle n’était pas suffisamment pro-Soviétique. Elle fut sévèrement critiquée concernant une lettre ouverte d’admiration adressée au poète soviétique Vladimir Mayakovsky. Quand la lettre parut, le journal «The Latest News» auquel Tsvetaeva avait souvent collaboré, lui ferma la porte à la publication. Tsvetaeva fut soutenue moralement par des correspondances entretenues avec d’autres écrivains, incluant Rainer Maria Rilke (lors du décès de celui-ci, elle composa son magnifique texte «New Year’s Letter»), Boris Pasternak, les critiques D.S. Mirsky et Alexandre Bakharakh, et la poète czech Anna Teskova.

Pendant ce temps, le mari de Tsvetaeva se rapprochait de plus en plus du régime soviétique. Souffrant du mal du pays, il adhéra au mouvement appelé Les Eurasiens, dont le but était de rapatrier les émigrés. Il rêvait de retourner en U.R.S.S., mais craignait de le faire à cause de son passé dans l’Armée russe blanche. Par la suite soit par idéalisme ou encore pour gagner la sympathie des Communistes il espionna pour le compte du NKVD, organisme précédesseur du KGB. Sa fille Alya se rapprocha également du régime soviétique, et peu à peu, se rebella contre sa mère. En 1937, elle retourna à Moscou.

Un peu plus tard cette année-là, Efron dut retourner dans son pays d’origine. Il fut imputé du meurtre de l’ex agent soviétique Ignaty Reyss par la police française. Après sa fuite, la police interrogea Tsvetaeva, mais celle-ci leur parut plutôt confuse lors de leur interrogatoire et le tout se termina par la récitation de sa poésie en traduction française, laissant croire aux policiers qu’elle pouvait souffrir d’un désordre mental, et ils conclurent qu’elle ne savait rien de ce meurtre qu’on imputait à son mari.

Tsvetaeva ne semblait pas au courant que son mari était un espion. Cependant, elle fut tenue également responsable des actes de son mari et fut considérée ‘personna non grata’ dans Paris. En 1939, elle retourna en Union Soviétique avec son fils. Peu avant son départ, elle compléta son oeuvre majeure -«Poems to Chekia», écrite en réponse à l’invasion allemande en Czéchoslovaquie.

La soeur de Tsvetaeva fut arrêtée avant le retour de celle-ci; les deux soeurs ne se sont jamais revues (Anastasia survécut aux années staliniennes). Tsvetaeva découvrit que toutes les portes lui étaient fermées. Parternak lui trouva quelques contrats en traduction de poésie, les groupes d’écrivains officiels lui refusant leur soutien. Peu après son retour, Efron et Alya furent arrêtés pour espionnage. Le fiancé d’Alya, en fait, était un agent du NKVD qui fut engagé pour espionner la famille (Efron fut exécuté en 1941); Alya fut condamnée à huit ans de prison.

En 1941, Tsvetaeva et son fils furent évacués à Yelabuga. Ils ne trouvèrent là aucun soutien. Le 31 août 1941, il ne leur restait de l’argent que pour acheter un seul pain. Ce jour-là, Tsvetaeva se pendit.

Ça y est ! Pour cette flamme –
Trop vieille !
L’amour plus vieux que moi !
Cinquante janviers.
Sommet d’un mont !
L’amour est encore plus vieux !
Vieille comme prêle, vieille comme un dragon.
Plus vieille que l’ambre libanais,
Que tous les vaisseaux fantasmés !
Plus vieille ! – que les pierres – que les mers…
Mais la douleur au coeur qui se fait jour –
Plus vieille que l’amour, plus vieille que l’amour.

* Marina Tsvetaeva *

Marina Tsvetaeva

par | 15 Oct 2007 | 0 commentaires

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