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Ouverture du premier cinéma ‘drive-in’ de Russie

MOSCOU, 21 juin 99 – Le premier ‘drive-in’ russe vient d’ouvrir dans un vélodrome des faubourgs chics de Moscou, un luxe réservé aux nouveaux riches de la capitale qui illustre le fossé grandissant avec le reste du pays.

Quarante ans après la grande mode des cinémas en plein air née sous le ciel d’Hollywood, ces spectateurs privilégiés, une centaine par séance, vont découvrir le loisir des adolescents américains dont ils ne connaissaient
l’existence que grâce aux films étrangers.

Le cinéma sera ouvert tous les jours mais seuls les Moscovites aisés, pourront s’offrir une dernière séance (minuit ou trois heures du matin) car le prix fixé est équivalent à dix dollars, soit environ la moitié du salaire moyen.

Le prix du billet comprend un paquet de « pirojki » (brioches fourrées) et une boisson, servis en patins à roulettes.

« Nos spectateurs seront des jeunes gens qui ne savent pas où aller à la tombée de la nuit. Les dernières séances dans les autres cinémas se terminent au moment où nous commençons les nôtres », explique Alexandre Volkov, l’un des promoteurs de « Kinodrome ».

L’explosion du nombre de véhicules à Moscou – 2,5 millions environ, soit trois fois plus qu’il y a dix ans – a également favorisé la naissance de ce projet.

« J’ai toujours aimé voir dans les films américains des jeunes couples en train de s’embrasser dans leurs vieilles Cadillac délabrées », se souvient Olga, 24 ans, qui savoure visiblement l’ambiance inhabituelle de ce vélodrome dont le centre est occupé par un immense écran.

Olga et son mari Alexeï, un politologue de 27 ans, se sont installés confortablement dans leur 4X4 décapotable pour regarder le film « aquatico-fantastique »,
« Virus », de John Bruno avec Donald Sutherland, William Baldwin et Jamie Lee Curtis.

M. Volkov a l’intention d’ouvrir bientôt deux autres « drive-in », un à Moscou et le second à Tcheliabinsk, une ville industrielle de l’Oural.

Le pari est risqué. Le réseau de distribution des films est presque inexistant depuis l’écroulement de l’URSS et les Russes ont perdu l’habitude d’aller au cinéma.

A l’époque soviétique certains films de propagande étaient tirés jusqu’à 2. 000 exemplaires. Aujourd’hui les distributeurs n’en commandent qu’entre 10 et 15 pour un pays qui compte 146 millions d’habitants.

Les deux tiers des 4.500 salles de l’époque soviétique ont disparu ou ont été transformées en halls d’exposition.

Celles qui ont survécu ne sont remplies qu’à 10%, malgré un prix des places relativement bon marché: entre 10 et 50 roubles (0,4 à 2 dollars).

Seules Moscou et Saint-Pétersbourg arrivent à tirer leur épingle du jeu et leurs cinémas connaissent un regain de fréquentation avec des salles modernisées.

Les recettes de Moscou et de Saint-Pétersbourg représentent actuellement 80% du total pour tout le pays, selon les chiffres officiels.

« La province a toujours considéré Moscou d’un oeil malveillant », estime Alexandre Khomtchik, responsable d’une compagnie russe de distribution « West ». « Mais on n’y peut rien, pour des raisons économiques et sociales, la province n’atteindra jamais le niveau de vie de la capitale ».

« La différence entre le niveau de vie à Moscou et en province est énorme », renchérit le directeur de la compagnie de distribution « East-West »,
Evguéni Beguinine.

Les plus grosses fortunes du pays vivent le plus souvent à Moscou qui attire également 80% des investissements bancaires.

Ouverture du premier cinéma ‘drive-in’ de Russie

par | 21 Mar 1999 | 0 commentaires

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Alberto Lattuada est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur italien avec un parcours d’une diversité éblouissante au sein du cinéma italien.