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Les Russes cherchent à investir leurs roubles dans le cognac charentais

Les Russes, qui ont toujours été de grands consommateurs de cette eau-de-vie de vin, le tsar lui-même se vantait de consommer du cognac de la maison Camus au XIXe siècle, se sont longtemps contentés de boire du faux cognac, faute de moyens, mais l’arrivée d’une nouvelle classe aisée a relancé les importations.

Les Russes, qui ont toujours été de grands consommateurs de cette eau-de-vie de vin, –le tsar lui-même se vantait de consommer du cognac de la maison Camus au XIXe siècle–, se sont longtemps contentés de boire du faux cognac, faute de moyens, mais l’arrivée d’une nouvelle classe aisée a relancé les importations.

En sept ans, les ventes de cognac à la Russie ont été multipliées par sept, pour atteindre en 2006 4,8 millions de bouteilles exportées, plaçant la Russie au 6ème rang des pays importateurs.

Le BNIC, qui réunit 6.000 viticulteurs et 300 négociants de la région, compte lancer d’ici peu une campagne de marketing en Russie pour défendre l’appellation. Il réfléchit aussi à la délivrance systématique d’un certificat d’authenticité pour tous les pays.

Le président du Bureau national interprofessionnel du cognac (Bnic), Alain Philippe, émet deux hypothèses: « soit les Russes viennent ici à la recherche de bonnes affaires, et je n’ai rien contre, soit ils veulent justifier des ventes de faux cognac au prétexte qu’ils ont acquis quelques hectares de vignoble ».

Des investisseurs russes s’intéressent aux vignobles du cognac pour répondre au boom de la consommation en Russie, mais ces nouveaux arrivants font craindre à certains professionnels charentais une main mise de la mafia pour exploiter un trafic de faux cognac.

D’après la SAFER (Société d’aménagement foncier et d’établissement rural) à Angoulême, le prix d’un hectare de vigne dans le Cognaçais se négocie autour de 30.000 euros.

Selon lui, une dizaine de négociants de la région ont « vendu leur âme au diable » en traitant avec des investisseurs qui ont joué sur l’appellation du cognac pour mettre sur le marché un vulgaire brandy… Car en Russie, la loi n’interdit pas que des bouteilles de n’importe quel alcool distillé s’appellent « cognac » en cyrillique.

« Je ne fais pas de procès d’intention mais je crains le pire, car derrière ce marché, il y a la mafia », assure Alain Philippe, espérant toutefois que les autorités françaises profiteront de l’entrée de la Russie à l’OMC pour imposer une conformité à la législation internationale.

Pour Espen Schulerud Soland, gérant de la maison de cognac Jenssen à Bonneuil, l’arrivée en terres charentaises de la mafia est « une menace réelle, mais il faut à tout prix éviter l’amalgame », dit-il.

– En juillet dernier, la vieille société moscovite de vins et spiritueux MVZ est entrée au capital du norvégien Jenssen et elle doit prendre entièrement le contrôle de ce vignoble de 24 hectares d’ici fin 2007.

t Voici deux mois, la maison de Cognac charentaise Croizet-Eymard, soit 59 hectares de vignes situées dans le prestigieux terroir de Grande Champagne, est à son tour tombée dans l’escarcelle du groupe Russian Wine Trust, déjà propriétaire d’un vignoble en Fins Bois.

– Un gros producteur de vodka a par ailleurs annoncé cet hiver son intention d’acquérir des vignobles dans la région, confie M. Soland.
« Je comprends les craintes d’usurpation de l’appellation, mais les investisseurs qui placent ici beaucoup d’argent n’ont pas intérêt à tout compromettre en allant vendre du faux cognac en Russie », estime-t-il.

« Je peux vous assurer que ce qui est vendu comme Cognac par MVZ à Moscou est bien du cognac mis en bouteille à Bonneuil. Rien n’est vendu en vrac », ajoute M. Soland, avant de reconnaître que des acteurs « au profil moins exposé » que MVZ profitent peut-être du marché de la contrefaçon d’alcool, très développé en Russie.

Les Russes cherchent à investir leurs roubles dans le cognac charentais

par | 4 Mai 2007 | 0 commentaires

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