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Le musée du quai Branly : la collection russe

Le musée du quai Branly ou musée des arts et civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques est situé quai Branly dans le VIIe arrondissement de Paris, au pied de la tour Eiffel. Le musée du quai Branly abrite une remarquable collection d’art primitif russe et sibérien dont certaines pièces sont uniques au monde.

Ce projet ambitieux porté par Jacques Chirac et réalisé par Jean Nouvel, il a été inauguré le 20 juin 2006. « Le musée du quai Branly sera, bien sûr, l’un des plus importants musées dédiés aux arts et civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques, avec une collection de près de 300 000 objets, parmi lesquels des œuvres exceptionnelles qui peuvent figurer au premier rang des créations mondiales… Car ces peuples, dits « premiers », sont riches d’intelligence, de culture, d’histoire. Ils sont dépositaires de sagesses ancestrales, d’un imaginaire raffiné, peuplé de mythes merveilleux, de hautes expressions artistiques dont les chefs-d’œuvre n’ont rien à envier aux plus belles productions de l’art occidental. Chaque culture l’enrichit de sa part de beauté et de vérité, et c’est seulement dans leurs expressions toujours renouvelées que s’entrevoit l’universel qui nous rassemble. Cette diversité est un trésor que nous devons plus que jamais préserver. A la faveur de la mondialisation, l’humanité entrevoit, d’un côté, la possibilité de son unité, rêve séculaire des utopistes, devenu aujourd’hui la promesse de notre destin… Tel est aussi l’enjeu de ce musée! » / Jacques Chirac À partir de 2006, le musée réunit les anciennes collections d’ethnologie du musée de l’Homme (abrité par le Palais de Chaillot) et celles du musée national des arts d’Afrique et d’Océanie (installé à la Porte Dorée). Environ 300 000 objets ont ainsi été transférés du musée de l’Homme ; 3500 sont exposés sur le plateau des collections permanentes. Vaste espace sans cloisons, les œuvres sont réparties en grandes « zones » continentales : l’Afrique, l’Asie, l’Océanie et les Amériques. Le musée du quai Branly abrite une remarquable collection d’art primitif russe et sibérien dont certaines pièces sont uniques au monde. Mise à part sa valeur ethnographique, la collection d’objets russes du musée du quai Branly présente un grand intérêt historique, car sa constitution, depuis les années 1880 et jusqu’à aujourd’hui, est révélatrice de certaines situations politiques, culturelles et scientifiques en France et en Russie. Les vitrines retracent l’histoire de quelques destins fameux, résume les circonstances, les conditions et les raisons de chaque donation, achat ou collecte d’objets russes pour le compte du musée. Le responsable du département « Russie, Asie centrale, Sibérie, Mongolie », Daria Cevoli, explique comment la collection s’est enrichie de plus de 100 objets. L’ouverture du nouveau musée du quai Branly, a eu lieu à la suite d’un long combat des défenseurs du musée de l’Homme qui a fermé malheureusement ses portes. Éveline Lot-Falck est une anthropologue française russophone très connue. En tant que Directeur d’études élue à la Ve section de l’École pratique des hautes études (EPHE), elle occupa de la Chaire d’ethnologie religieuse sibérienne. Avec sa très bonne connaissance du russe et du mongol, É. Lot-Falck répartit son activité entre le Musée de l’Homme et le CNRS, tout en continuant à publier différents articles, comptes-rendus et recensions d’ouvrages ou de travaux scientifiques de langue russe. C’est ainsi que se constitue un important fonds de données portant sur les populations d’Asie centrale et de Haute-Asie, donc d’URSS et de Mongolie. Cela lui permet encore de réussir au Musée de l’Homme, devenant conservatrice chargée de « la constitution définitive du Département des Arctique et d’U.R.S.S. d’Asie ». Mais les collections du musée du quai Branly s’enrichissent aussi grâce aux dons d’œuvres. Paul Labbe, érudit français, explora les pays russes, La Sibérie, La Mongolie, le Turkestan, les steppes kirghizes, Sakhaline et aussi la Mandjourie au début de XXème siècle. Le jeune voyageur s’était spécialement intéressé au chamanisme. La géographie de la Russie d’Asie doit beaucoup à ces explorations, toutes empreintes d’un cachet scientifique. Les collections « Russie » : objets remarquablesFigurine féminine, support d’esprit Culture : Nivkh
Région : Asie > Russie > Sakhalinskaya oblast’ (région administrative)
Dates: Fin 19e – début du 20e siècle
Matériaux et techniques : bois noirci, étoffe branly_stauetka.bmpCylindre en bois figurant une femme. Sommet de la tête arrondi cerclé par un anneau en relief, fort endommagé, et surmonté par une sorte de pompon brisé, le tout figurant un chapeau. Face plate, déprimée au niveau des yeux, profil légèrement prognathe. Visage en forme de coeur. Sourcils en demi-cercles gravés.Deux trous pour les yeux et une entaille horizontale pour la bouche. Nez large en léger relief. Sur la nuque fait saillie une étroite bande verticale gravée de huit traits horizontaux représentant une tresse. A la hauteur de la taille une ceinture à entrelacs est sculptée en relief, les deux pans retombant côte à côte sur le ventre. Nommée « umgu », « femme, épouse », cette « idole-jouet » (cf. Taksami), est sculptée pour les petits garçons qui pleurent trop souvent dans leur berceau. En effet l’enfant qui pleure trop est censé avoir perdu son âme, qui risque d’être mangée par un esprit. La statuette est destinée à fixer l’âme et à la protéger. On sculpte une figuration de femme, umgu, pour le petit garçon, et une statuette masculine, « utku », pour la petite fille. Ces statuettes sont gardées dans la maison jusqu’à ce que l’enfant soit marié. Ce plongeon en réduction, destiné à être planté sur une perche miniature, fait partie d’une série comprenant aussi les petits plongeons. – Robe de femme en peau de saumon à riche décor peint (ours et autres animaux branly_ryba.bmpstylisés dans le dos) ; prédominance rouge et noire Culture : Nivkh
Région : Asie > Russie > Sibérie > Sibérie extrême-orientale > Amour (région de l’)
Dates : Fin 19e – début 20e siècle
Matériaux et techniques : peau de poissons (divers salmonidés) – Plongeon, support d’esprit Culture : Iakoute
Région : Asie > Russie > Stanovoï (monts)
Dates : Fin 19e siècle
Matériaux et techniques : bois
Donateurs : Don Joseph Martin Figuration de plongeon. Corps massif taillé par plans. Ventre et côtés plats. Dos à trois plans égaux. Courte queue plate, relevée, avec quatre entailles triangulaires figurant les plumes. Cou redressé assez long, taillé par plans. Tête grossièrement sculptée, sans yeux. Bec figuré par une entaille dont la partie supérieure est brisée. Ailes rapportées : planchette rectangulaire étroite, ajustée dans la mortaise creusée à cet effet sur le dos. Extrémités des ailes arrondies et portant quatre entailles de part et d’autre du corps pour figurer les plumes. Perforation circulaire à la naissance de la queue. Le plongeon est l’un des principaux oiseaux auxiliaires du chamane. Il met en rapport le monde aérien et le monde aquatique souterrain. Lors des sacrifices, il est planté par la queue sur l’une des perches rangées en ordre croissant qui figurent le chemin menant au ciel l’animal consacré. Dans le temps jadis, selon les dires Iakoutes, les spectateurs pouvaient voir le chamane voler réellement derrière les oiseaux qui poussaient devant eux le bovin consacré, jusque auprès des esprits dont il allait grossir le troupeau. D’autres oiseaux, toujours plantés en rang sur des perches, représentent les esprits qui gardent les « nuages-étapes », au nombre de neuf sur la route du monde celeste que doit parcourir le chamane lors de certains rituels. Au fil du nouveau parcours des collections, y figurent des pièces exceptionnelles parmi les toutes dernières acquisitions pour être exposées en 2013 sur le Plateau. Les costumes et objets quotidiens figurent parmi les grands points forts des collections Asie. A noter: un manteau de chamane sibérien, très complexe dans sa conception. – Manteaux en soie à broderie polychrome, fond rouge et fond vert. branly_robe_chamane.jpgDécor géométrique. Manches étroites et fermées à l’extrémité, réunies par une bande de tissu dans le dos. Manteau de femme en taffetas vert, orné de broderies polychromes. Doublure coton imprimé fleurettes. Région : Asie > Russie > Turkestan russe
Dates : Début du 20e siècle
Matériaux et techniques: soie ikatée, toile de coton
Donateurs : Mission Bernard Dupaigne – Jouet ou support d’esprit représentant un ours ou un glouton Culture : Nivkh
Région : Asie > Russie > Sakhalinskaya oblast’ (région administrative) > Sakhalin (île) > Tym (vallée de la)
Dates : 19e siècle
Matériaux et techniques : bois
Donateurs : Don Paul Labbé Jouet ou support d’esprit représentant un ours ou un glouton. Bois clair taillé, museau long et quatre pattes sculptées groupées deux par deux. L’esprit ours est destiné à dévorer les maladies des enfants. Il fait partie du trio d’esprits du bassin de l’Amour: panthère, tigre, ours; le moins puissant étant l’ours. – Manteau de chamane Russie, Sibérie orientale, Monts Stanovoï
Population Evenk 19e siècle
peau chamoisée, ornements métalliques
don Joseph Martin (mission Joseph Martin, 1886) Les rennes noirs et rouges du décor permettent au chaman de voyager rapidement et sûrement à travers le monde. Le partage des couleurs indique que leur maître dispose de presque autant de rennes pour les « routes » diurnes, menant au monde aérien, que nocturnes, menant au monde des morts. Le tambour et les battoirs l’aident dans ses déplacements symboliques. – Pendentif (ou fermoir) Turkménistan
20e siècle
Argent, cornaline
Legs Antoinette Perrier Pendentif de forme losangique avec perle de verre rouge au milieu, corps du bijou avec décor floral et petites chainettes avec pendants en forme de lamelles sur les deux bords inférieurs. – Figurine anthropomorphe, support d’esprit – Culture : Altaïen – Région : Asie > Russie > Altay, Respublika (république) > Altaï – Dates : Fin 19e – début du 20e siècle – Matériaux et techniques : bois, cuir, peau Petit tambour de forme circulaire imparfaite. Cadre profond constitué par une planchette recourbée et cousue avec une lanière de cuir. Membrane sans décor, rabattue et cousue sur le bord interne du cadre par une cordelettes en fils de tendons roulés. Poignée située dans la partie interne du tambour : barre verticale en bois sculpté figurant un personnage occupant toute la hauteur, à grosse tête et au corps filiforme terminé par deux très courtes jambes parallèles. Deux moignons horizontaux figurent les bras. Tête ronde, long nez droit à dos plat dans le même plan que le front. A la base du nez trois entailles horizontales délimitent la bouche et le menton projetés en avant. Yeux constitués par deux clous de cuivre à large tête légèrement convexe fixés dans le creux ménagé sous les arcades sourcilières légèrement arquées. (Oeil gauche d’un diamètre inférieur à celui de l’oeil droit). Joues à peine modelées. Une étroite palette éffilée très légèrement concave est accrochée par une lanière de peau chamoisée à l’épaule droite du personnage. Une baguette un peu arquée, les bouts relevés, traverse horizontalement la partie supérieure du tambour au niveau des bras du personnage, et une lanière de peau chamoisée nouée en bandoulière à travers la poitrine du personnage la maintient sur ce dernier. Un ruban de toile grossière pend de la partie droite de la baguette (à l’opposé de la palette), retenu par deux points d’un fil torsadé à deux brins. Il recouvre un autre ruban de même dimension mais de texture plus fine. Le personnage, la palette, la baguette, la face interne du cadre et, semble-t’il, le petit ruban intérieur ont été peints en rouge. Trace d’une lanière de suspension se fixant derrière la tête du personnage et passant par un trou ménagé dans le cadre par où s’assujétit également l’extrémité supérieure de la poignée. Il ne s’agit pas d’un véritable tambour, mais d’un support d’esprit qui se suspendait au mur de la demeure. Le personnage représente un esprit. Quand il s’agit d’un tambour utilisé pour les rites chamaniques c’est l’esprit protecteur du chamane, c’est à dire un ancêtre chamanique défunt. Ici, il peut s’agir de différents esprits, probablement d’un esprit d’ancêtre. Les deux rubans sont des offrandes. La baguette transversale se nomme kiriš, terme qui désigne la corde de l’arc. La palette accrochée à l’épaule du personnage représente un battoir de tambour (le chaman altaïen recevait un battoir avant le tambour).
Nouvelles acquisitions et changement de vitrines jusque fin 2013Broderie rituelle, textile ou vêtement branly_kovrik.bmpCulture: Kaitag
Région : Asie > Russie > Dagestan, Respublika (république)
Dates : Fin du 19e siècle
Matériaux et techniques : coton, soie Petite broderie rectangulaire avec motifs curvilignes concentriques en soie floche. Sur cette broderie on peut observer dans une partie centrale le motif solaire et plusieurs motifs liés à la fertilité, les cornes de bélier, les symboles féminins et une prolifération de formes irradiantes. Usage Broderie rituelle utilisée chez les peuples des régions montagneuses du Caucase pour recouvrir la tête du berceau (le motif du côté du bébé), pour envelopper les cadeaux de mariage (en guise de dot) ou pour recouvrir le visage du mort lors des rituels funéraires. Rare manteau collecté au XIXe siècle dans la région des monts Saïan (Sibérie du sud-ouest) Le musée du quai Branly conserve dans ses collections asiatiques un riche ensemble d’objets et costumes chamaniques de l’aire sibérienne, mongole et himalayenne. Parmi les costumes le plus anciens, un manteau de chamane collecté au XIXe siècle dans la région des monts Saïan (Sibérie du sud-ouest). Ce manteau complet, une pièce unique, ancienne, extrêmement rare et d’une grande force, était en mauvais état, Le costume, habité par tous les esprits auxiliaires que maîtrise le chamane, reflète intimement la personnalité et les capacités de son possesseur. Il est le corps que ce dernier « endosse » lorsqu’il voyage dans le monde des esprits. Par essence uniques, intransmissibles, secrets, les costumes de chamane sont méconnus. Il n’est qu’une étude minutieuse, une véritable autopsie pour en révéler les particularités et procéder à une identification typologique et ethnique. Et c’est avec un émerveillement de chaque instant que grâce au mécénat de Monsieur Antoine Zacharias, le responsable de la collection et l’équipe de la conservation préventive et restauration ont entrepris l’exploration de l’exosquelette et des en- trailles de cette fabuleuse armure rituelle pour ensuite garantir sa pérennité. branly_manteau_chamane.jpgGrâce au soutien de Monsieur Antoine Zacharias, Grand Bienfaiteur de la société des Amis, le musée a pu restaurer un rare manteau de chamane de Sibérie. Le travail scientifique entrepris aujourd’hui grâce au mécénat de la société des Amis du musée sur cet objet est d’une grande importance, car si les objets des collections sibériennes sont d’une grande beauté et présentent un attrait esthétique et un intérêt ethnographique indéniable, ils sont souvent méconnus, très fragiles et les dossiers documentaires qui les accompagnent sont de qualité très inégale. C’est tout particulièrement le cas pour cet objet qui fait partie d’une collection hétéroclite acquise sur le marché de l’art au milieu du siècle dernier et caractérisée par des notices documentaires imprécises quant à la provenance géographique et ethnique des pièces. Musée du Quai Branly
Plateau des collections
37, quai Branly – 75007 Paris
Mardi, mercredi et dimanche, de 11h à 19h
Jeudi, vendredi et samedi, de 11h à 21h
Plateau des collections (incluant les expositions des mezzanines) : tarif plein 8,50 €
Billet jumelé (collections permanentes et expositions temporaires) : tarif plein 10 €
Tél. 01 56 61 70 00

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par | 15 Jan 2013 | 0 commentaires

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