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La République moldave de Gagaouzie ne jure que par la Russie

Le 19 août 1990, les 175.000 habitants d’une petite région turcophone du sud de la Moldavie fondaient la ‘République socialiste soviétique de Gagaouzie’. Plus de 17 ans après, ils ne jurent toujours que par la Russie et attendent leur salut du grand frère de l’Est.

Le 19 août 1990, les 175.000 habitants d’une petite région turcophone du sud de la Moldavie fondaient la ‘République socialiste soviétique de Gagaouzie’. Plus de 17 ans après, ils ne jurent toujours que par la Russie et attendent leur salut du grand frère de l’Est.

« La Gagaouzie dispose d’une large autonomie, qui garantit l’utilisation de la langue gagaouze dans les écoles et les administrations », explique en russe son gouverneur adjoint, Valery Ianioglo.

Cette région morcelée, représentant 5,4% du territoire de la Moldavie majoritairement roumanophone, a renoncé en 1994 à ses velléités séparatistes, en échange d’un statut d’autonomie qui l’autorise à accéder à l’indépendance si la Moldavie décidait de s’unir avec la Roumanie.

Pourtant à Komrat, le chef-lieu, toutes les enseignes sont en russe et trouver quelqu’un qui parle « la langue d’Etat », à savoir le moldave, relève de l’exploit. Comment ferait-on si un tel parlait le russe, un autre l’ukrainien, le gagaouze, ou encore le roumain?

Les habitants de cette région agricole qui vit essentiellement de ses vignobles trouvent d’autant plus incompréhensible que Moscou maintienne depuis un an un embargo sur le vin moldave, risquant de provoquer dans la foulée l’asphyxie de l’économie gagaouze.
Alors que les exportations de vin vers la Russie représentent 10% du produit intérieur brut de la Moldavie, cet embargo a jusqu’ici privé le pays de recettes d’environ 350 millions d’euros.

L’interdiction a été officiellement justifiée par la découverte de pesticides dans le vin, mais selon M. Ianioglo « la raison est plus profonde ». Un encrage de plus en plus marqué de Chisinau vers l’Union européenne n’y serait pas pour rien.

« Si au moins ils nous disaient quels cépages ne correspondent pas aux normes de qualité, ou pourrait faire quelque chose pour y rémédier », explique le gouverneur adjoint.

Assis derrière son bureau, sous un énorme portrait en huile de Marx, le directeur de la société « Les vins de Komrat » fait grise mine, alors que dans la cour s’accumulent des milliers de bouteilles soigneusement emballées et que la plupart des installations sont inactives.

« Plus de 80% de notre production partait vers la Russie. Avec l’embargo, nous en exportons à peine entre 5% et 10%, notamment vers l’Ukraine et la Pologne », confie Sacha Pangrati, le gérant des lieux.
En descendant dans une cave où la température est maintenue constante à 14° Celsius, il montre fièrement une dizaine de fûts dont le diamètre dépasse 3,5 m, remplis chacun de 18 tonnes de « Komratskoye Krasnoye » (Rouge de Komrat).

Selon lui toutefois, une délégation de Moscou a récemment visité l’usine et « assuré que les importations reprendront bientôt ». Et le « bachkan » (gouverneur) de la Gagaouzie, Mikhail Formouzal, s’est rendu en « visite officielle » la semaine dernière en Russie, dans l’espoir de débloquer la situation.

Mais en attendant, seule une poignée d’employés est à pied d’oeuvre, s’affairant autour d’une ligne d’embouteillage. « Aujourd’hui nous travaillons jusqu’à midi, demain, qui sait… », dit l’un d’entre eux.

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par | 5 Avr 2007 | 0 commentaires

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