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La Banque mondiale s’alarme de l’augmentation de la pauvreté en Russie

La Banque mondiale s’est alarmée mercredi de l’augmentation « troublante » de la pauvreté en Russie à cause de la récession, particulièrement douloureuse pour les fonctionnaires et retraités dont Vladimir Poutine s’était engagé à augmenter le niveau de vie lors de son retour au Kremlin en 2012.

Le nombre de Russes vivant sous le seuil de pauvreté a dépassé 15% de la population, soit 21 millions de personnes et le plus haut niveau depuis 2008, accompagnant la forte diminution de l’activité provoquée par l’effondrement des cours du pétrole et les sanctions imposées par les Occidentaux à cause de la crise ukrainienne.

La rechute pendant l’été des prix de l’or noir, première source de revenus pour Moscou avec le gaz, a dissipé tout espoir de reprise rapide.

La Banque mondiale a donc abaissé ses prévisions économiques pour la Russie. Elle s’attend désormais à une chute de 3,8% du produit intérieur brut cette année et de 0,6% l’an prochain, alors qu’elle tablait jusqu’à présent sur une contraction de 2,7% cette année et un retour à une croissance de 0,7% l’an prochain.

La gravité de la crise, plus profonde et longue que prévu, « va accélérer une augmentation déjà troublante du taux de pauvreté », a prévenu Andras Horvai, directeur de la Banque mondiale pour la Russie, dans un rapport. « La récession actuelle devrait inverser les progrès récents en termes de réduction de la pauvreté et menace les succès enregistrés dans la dernière décennie en termes de partage des richesses », a-t-il poursuivi.

Déclenchée par la dégringolade du rouble de fin 2014, la crise s’est traduite essentiellement par une envolée des prix, alimentation en tête, avec un taux d’inflation annuel au delà de 15% depuis plus de six mois. Si le chômage, à la différence de la crise de 2009, reste quasi inexistant à seulement 5,3%, les employeurs n’ont dans l’ensemble pas relevé les salaires, plombant pouvoir d’achat et consommation.

Certaines entreprises en difficultés accumulent en outre les arriérés de salaires, en forte hausse depuis le début de l’année. Rappelant les dramatiques années 1990, la presse russe s’est même fait l’écho de sociétés payant leurs employés en nature, en briques ou en poulets, faute de liquidités.

– Cartes de rationnement –

La « baisse spectaculaire des salaires réels », c’est à dire ajustés à la hausse des prix, « a rendu plus vulnérables les ménages » en bas de l’échelle sociale, notamment sous le seuil de pauvreté (10.000 roubles, soit 135 euros mensuels), souligne la Banque mondiale dans son rapport.

La Banque mondiale s’inquiète notamment de la situation des fonctionnaires et des retraités, dont les revenus ont été indexés bien en deçà de la hausse des prix.

Les premiers, souligne l’institution basée à Washington, constituent pourtant « une grande partie de la classe moyenne » qui a émergé en Russie depuis l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine il y a 15 ans, favorisant le boom de consommation à l’origine de confortables taux de croissance. Les seconds jouent un rôle clé dans la société russe, la Banque mondiale soulignant que leurs pensions avait constitué « le principal canal de redistribution » pendant la crise de 2009.

Vladimir Poutine, pour son retour au Kremlin en 2012, avait promis à ces catégories modestes de prendre des mesures pour améliorer leurs conditions de vie. Malgré les effets de la crise sur le pouvoir d’achat, la cote de popularité du président se maintient à un niveau record au delà de 80%.

« Nous sommes confrontés à une situation étrange: le soutien à Poutine se maintient mais l’inquiétude augmente concernant la baisse des revenus », constate Lev Goudkov, directeur du centre indépendant de sondages Levada. « Pour que la patience de la population s’épuise, il faudrait plusieurs facteurs en même temps: médicaments à des prix inaccessibles, diminution du pouvoir d’achat et augmentation des tarifs des services publics. Pour l’instant, ce n’est pas le cas ».

Malgré la baisse de ses revenus, le gouvernement cherche à préserver les dépenses sociales mais le niveau d’indexation des pensions l’an prochain reste encore incertain. Pour aider les plus modestes, il réfléchit au lancement de cartes de rationnement qui serviraient à acheter des produits alimentaires.

La Banque mondiale s’alarme de l’augmentation de la pauvreté en Russie

par | 4 Oct 2015 | 0 commentaires

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