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Karabakh: la moitié de la population déplacée, réunion de médiation jeudi

La moitié de la population du Nagorny Karabakh a été déplacée par les hostilités entre ce territoire séparatiste peuplé d’Arméniens et l’Azerbaïdjan, ont indiqué les autorités mercredi, à la veille d’une première réunion de médiation internationale annoncée pour jeudi à Genève.

La France, dénonçant une « implication militaire » turque en soutien à l’Azerbaïdjan, et l’Union européenne ont dit craindre une internationalisation du conflit, dans une zone où nombre de puissances sont en concurrence.

« C’est une immense tragédie », a jugé le président russe Vladimir Poutine. « Nous appelons, j’insiste là-dessus, à un cessez-le-feu. Et c’est au plus vite qu’il faut le faire », a dit M. Poutine.

Quelques heures après, la diplomatie azerbaïdjanaise a annoncé que son chef Ceyhun Bayramov se rendrait jeudi à Genève pour une réunion avec les co-présidents du Groupe de Minsk de l’OSCE (Russie, France, Etats-Unis) — le médiateur international sur le conflit.

L’Arménie a elle exclu par la voix d’une porte-parole toute rencontre des ministres azerbaïdjanais et arménien à Genève, sans préciser si son ministre des Affaires étrangères, Zograb Mnatsakanian, s’y rendrait pour une rencontre séparée avec les co-présidents du groupe de Minsk.

Il est cependant attendu à Moscou le 12 octobre pour une rencontre avec son homologue russe Sergueï Lavrov.

Au 11e jour des combats, c’est la moitié de la population du Nagorny Karabakh qui a été déplacée, dont 90% des femmes et des enfants, selon Artak Belgarian, le médiateur de cette république auto-proclamée, soit 70.000 à 75.000 des quelque 140.000 habitants

Le bilan s’élève à plus de 300 morts dont une cinquantaine de civils, mais reste très partiel, Bakou n’annonçant pas ses pertes militaires et les deux camps affirmant avoir éliminé chacun des milliers de soldats ennemis.

Cette région est peuplée en quasi-totalité d’Arméniens ethniques, les Azéris ayant fui pendant la guerre des années 1990.

Smertch et drones

Les autorités indépendantistes accusent l’Azerbaïdjan de pilonner aveuglement Stepanakert, leur capitale, forçant la majorité des quelque 50.000 habitants à partir et les autres à se terrer dans des caves.

Cette ville a essuyé des frappes de roquettes, dont celles de gros calibre – 300 mm – Smertch, dans la nuit de mardi à mercredi. Après un répit matinal, des tirs, vraisemblablement de drones, ont suivi.

Dans la soirée, la ville a été visée par de nouveaux bombardements.

En Azerbaïdjan aussi, on accuse l’adversaire de viser des zones habitées.

Bakou a annoncé que 427 habitations abritant 1.200 personnes avaient été détruites depuis le début des affrontements le 27 septembre.

Malgré les frappes, « nous n’avons pas peur », assure Joumchoud Gehramanov, le propriétaire d’un magasin dans le village de Jojoug Marjanli. « Nous attendons que l’ordre nous soit donné pour que nous aidions aussi les militaires ».

Le Nagorny Karabakh, peuplé à l’époque soviétique d’une majorité arménienne chrétienne et d’une minorité azérie chiite, a fait sécession de l’Azerbaïdjan à la chute de l’URSS, entraînant une guerre et 30.000 morts. Le front est quasiment gelé depuis un cessez-le-feu en 1994, malgré des heurts réguliers.

Les deux camps se rejettent mutuellement la responsabilité de la reprise des hostilités.

A l’étranger, la crainte est de voir ce conflit s’internationaliser dans cette région où Russes, Turcs, Iraniens et Occidentaux ont tous leurs intérêts, d’autant qu’Ankara encourage Bakou à l’offensive et que Moscou est lié par un traité militaire à Erevan.

internationalisation du conflit

« La nouveauté c’est qu’il y a une implication militaire de la Turquie qui risque d’alimenter l’internationalisation du conflit », a noté le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian. Une accusation rejetée à de nombreuses reprises par Ankara et Bakou.

Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, a exclu toute trêve sans retrait arménien du Karabakh et accuse l’Arménie de vouloir entraîner la Russie dans la guerre, via leur alliance au sein de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC).

Erevan « fait tout dans ce face-à-face pour y entraîner l’OTSC, sans succès », a-t-il dit à la télévision russe.

La Russie, l’arbitre régional, entretient de bonnes relations avec les deux belligérants. Elle a prévenu qu’en tant que les combats se limitaient au Karabakh, l’OTSC n’était pas concernée, mais qu’en cas d’attaque directe contre l’Arménie cela changerait.

Arméniens du Karabakh et Azerbaïdjanais affirment s’infliger de lourdes pertes, mais aucun belligérant ne semble avoir pris d’avantage déterminant, même si Bakou revendique la conquête de multiples villes et villages et la reprise d’un tronçon de la frontière avec l’Iran.

Karabakh: la moitié de la population déplacée, réunion de médiation jeudi

par | 7 Oct 2020 | 0 commentaires

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