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Situation en Abkhazie / Caucase russe

Depuis 1995, l’Abkhazie fait officiellement l’objet d’un blocus économique de la part de la Russie et du reste de la Géorgie qui, selon les séparatistes, frappe les plus pauvres des quelque 300.000 habitants de la région.

Au poste-frontière russo-géorgien sur la rivière Psou, les mandarines ne sont pas qu’un fruit pittoresque, elles offrent aussi un ballon d’oxygène pour l’économie de la région séparatiste géorgienne d’Abkhazie.

Leurs fruits entassés dans des charrettes et de vieilles voitures ou trimbalés dans d’énormes sacs, des centaines de marchands attendent leur tour, dans ce coin d’Abkhazie, pour franchir la frontière vers la Russie. Les nerfs sont à vif après plusieurs heures passées sous la pluie.

« La saison ne dure que deux mois, après nous restons à la maison. Il n’y a pas de travail ici », explique Vitali Tortiïa, un fermier qui vend ses agrumes à l’arrière de sa voiture Volga dans un marché du côté géorgien de la frontière.

Tortiïa, 49 ans, a travaillé dans les mines de charbon de la région de Tkvartcheli jusqu’à ce qu’elles soient fermées après la chute de l’URSS et que l’Abkhazie se sépare de la Géorgie à la suite d’un conflit armé (1992-1993).

Il est l’un des nombreux habitants de la campagne abkhaze qui voyagent tous les ans de novembre à décembre depuis Gali et Otchamtchira au sud vers la frontière russe. A l’époque communiste, l’Abkhazie était l’un des vergers de l’Union soviétique et produisait annuellement près de 120.000 tonnes d’agrumes.

« Le marché des agrumes a survécu à la transition mais le manque d’investissements et la destruction causée par le conflit ont réduit la production à seulement une fraction du niveau d’autrefois », estime un rapport de l’Onu publié en 2005.

Depuis 1995, l’Abkhazie fait officiellement l’objet d’un blocus économique de la part de la Russie et du reste de la Géorgie qui, selon les séparatistes, frappe les plus pauvres des quelque 300.000 habitants de la région.

Mais dans les faits, Moscou soutient économiquement et diplomatiquement le régime séparatiste et permet aux produits abhazes, dont les mandarines, de traverser sa frontière.
L’économie locale survit également grâce aux centaines de milliers de touristes russes qui se reposent tous les ans dans les stations balnéaires abkhazes, au grand mécontentement de Tbilissi.
Mais cette année les marchands grognent que le commerce des mandarines est peu payant en raison d’une maigre récolte et de l’augmentation des tarifs douaniers.

« Il y a beaucoup de mandarines en Abkhazie mais ce n’est pas rentable. La frontière cause plein d’embêtements et les tarifs sont élevés », dit Vasili Malev un homme rougeaud qui travaille dans un marché du côté russe.

Buvant du thé dans un petit entrepôt rempli de boîtes de carton, M. Malev dit que les tarifs douaniers élevés favorisent les mandarines importées de Turquie.
« Mais elles ne sont pas aussi sucrées et bonnes que les mandarines d’Abkhazie », assure-t-il.

Les douaniers russes demandaient l’an dernier près de quatre roubles (environ 0,10 euro) pour un kilogramme de mandarines, contre huit roubles (0,20 euro) cette année. Néanmoins, des centaines de marchands abkhazes traversent la frontière chaque année.
Ils profitent de la différence des prix de chaque côté de la frontière : 10 roubles (0,29 euro) en Abkhazie comparé à 30 roubles (0,87 euro) en Russie.

Comme en Occident, les mandarines sont populaires en Russie à Noël et au Nouvel An. Elles se vendent environ 40 roubles le kilo (1,15 euros) à Moscou.

Sasha, un homme de 25 ans vêtu d’une veste de cuir noire, a voyagé avec son frère depuis l’île de Sakhaline dans l’Extrême-Orient russe.

« Nous serons chanceux si nous n’attendons ici que quelques heures », dit-il en jetant un regard désespéré à la queue devant lui. « Les gens en Abkhazie vivent des mandarines et des touristes. Il n’y a rien d’autre ici ».

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par | 25 Jan 2007 | 0 commentaires

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