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La protection du Baïkal, le défi de la Bouriatie

Les priorités du président bouriate Viatcheslav Nagovitsyne vont de l’exploitation des multiples richesses minières (plomb, zinc, molybdène, etc.) d’un sous-sol sibérien particulièrement généreux à la modernisation plus que nécessaire des secteurs des transports et du tourisme.

La Bouriatie, république russe longeant la partie orientale du Baïkal, se rêve en eldorado minier, énergétique et touristique, au risque, bien qu’elle s’en défende haut et fort, de mettre en péril l’écosystème de ce site unique.

« On ne peut pas interdire l’activité économique » au nom de la sauvegarde du lac, actuellement très protégé, qui recèle 20% des réserves d’eau douce de la planète, s’est exclamé le président bouriate Viatcheslav Nagovitsyne, dans le cadre d’une conférence sur le développement des régions riveraines à Oulan-Oudé.

« Sinon, d’où les gens tireront-ils des revenus ? », « on est à la limite de la pauvreté », s’insurge cet homme au costume gris et à la coupe de cheveux austère rappelant immanquablement les anciens cadres du régime soviétique, dont l’héritage est toujours omniprésent dans la capitale de la Bouriatie.

A commencer par les slogans du style « Mon usine, ma fierté » à l’entrée d’un établissement industriel d’un autre âge dans une banlieue parsemée de cheminées sombres s’élevant vers le ciel. Tandis qu’à quelques kilomètres de là, la tête sculptée aux dimensions titanesques de Vladimir Lénine, le fondateur de l’URSS, repose sur un socle en plein milieu de la principale place d’Oulan-Oudé.

Les priorités de Viatcheslav Nagovitsyne vont de l’exploitation des multiples richesses minières (plomb, zinc, molybdène, etc.) d’un sous-sol sibérien particulièrement généreux à la modernisation plus que nécessaire des secteurs des transports et du tourisme.

Il n’est qu’à avoir parcouru la route, tantôt goudronnée, tantôt piste poussiéreuse, qui mène de la capitale bouriate au Baïkal pour se rendre compte de l’immensité de la tâche à accomplir. Et, une fois à Gremiatchinsk au terme d’un périple cahotant de cinq heures en car, aucune infrastructure hôtelière réellement confortable n’attend à proximité du lac le visiteur de passage.

« Tout sera fait pour que les milieux d’affaires ne causent pas de dommages au Baïkal », « les moyens mis en oeuvre (par les entreprises) devront être écologiquement propres », affirme le président de la Bouriatie, en exposant un ambitieux plan de développement économique jusqu’en 2017.

Présent à ses côtés, oeil goguenard, visage enfoui dans une barbe abondamment fournie, Artour Tchilingarov, le chef d’une expédition de recherche scientifique dans les entrailles du lac et proche du Kremlin, se veut lui aussi rassurant : « Il faut bien sûr développer ces régions », mais « tout sera fait pour préserver le Baïkal, ce ne sont pas des paroles en l’air », martèle-t-il.

« La législation fédérale russe est très stricte », renchérit Natalia Komarova, présidente de la commission chargée de l’écologie au Parlement russe, comme pour dissiper l’impression diffuse que les autorités aimeraient bien qu’on oublie un peu que le lac est inscrit depuis 1996 au patrimoine mondial de l’Unesco.

Mais ces propos ne convainquent pas le moins du monde Babassan, un Bouriate père de sept enfants présent dans la salle de la mairie où se déroule la réunion. « Ce ne sont pas des gens sensés », « ces projets sont stupides », réagit-il, avant de souligner que nombre de sites regorgeant de minerais sont « sacrés » au regard des traditions bouddhistes et chamanistes solidement ancrées en Bouriatie

« Il y aura probablement des conflits » avec la population locale, met-il en garde, racontant qu' »il y a cinq-six ans, à Alkhana, les gens se sont soulevés contre les exploitants d’une mine d’or » : « Du coup, tout a été arrêté »


Le lac Baïkal

Le lac Baïkal est le plus profond (1637 mètres), la plus grande réserve d’eau douce de la planète (20%). La transparence, la pureté cristalline de ses eaux permet de voir le fond à quarante mètres.
Le lac Baïkal, la ’Perle de Sibérie’ est le plus ancien du monde, situé dans un écrin de montagnes sauvages, en forme de croissant sur 640 kilomètres de longueur. Les trois-quart des 2000 espèces marines qui y vivent ne se trouvent nulle part ailleurs : entre autres l’omoul, cousin de la truite ; le phoque de Sibérie ; l’extraordinaire Golomyanka, poisson dont le corps transparent et sans écaille se liquéfie au-dessus de 7°C !

Situé au sud-est de la Sibérie, le lac Baïkal, d’une superficie de 3,15 millions d’hectares, est le plus ancien (25 millions d’années) et le plus profond (1 700 m) lac du monde. Baikal, c’est aussi l’eau la plus douce et transparente qui soit : un disque de 10 cm de diamètre est visible depuis la surface jusqu’à 40 m de profondeur. Il contient 20 % des eaux douces non gelées de la planète. Son ancienneté et son isolement ont produit une des faunes d’eau douce les plus riches et originales de la planète, qui présente une valeur exceptionnelle pour la science de l’évolution, ce qui lui vaut le surnom de « Galápagos de la Russie ».

Le Comité de l’UNESCO a inscrit le lac Baïkal sur la base des critères naturels considérant qu’il constitue l’exemple le plus exceptionnel d’écosystème d’eau douce. Il s’agit du plus vieux et plus profond lac du monde qui contient environ 20% des réserves d’eau douce courante. Le lac Baikal représente le plus gros volume d’eau douce de surface : 23000 km3 ! Le lac contient une variété remarquable de flore et de faune endémique, d’exceptionnelle valeur pour les sciences de l’évolution. Il abrite 3500 espèces animales et végétales dont les 2/3 n’existent que dans le bassin du Baikal (endémisme).

Il est également entouré par un système d’aires protégées d’une beauté naturelle exceptionnelle. Le Comité a pris note de la confirmation des limites révisées du site, qui correspondent aux zones définies dans la Loi fédérale sur la protection du lac Baïkal (excluant les cinq zones urbaines développées). Il a également noté que la Loi spéciale du Lac Baïkal est actuellement en seconde lecture à la Douma. Il a enfin fait part de sa préoccupation en ce qui concerne certains points relatifs à l’intégrité du site, y compris la pollution, qui devraient être portés à l’attention des autorités russes.

La protection du Baïkal, le défi de la Bouriatie

par | 11 Août 2008 | 0 commentaires

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