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« Faute d’amour », meilleur film étranger aux César

A deux jours des Oscar, où il est également nommé, le drame russe « Faute d’amour » a reçu vendredi à Paris le César du meilleur film étranger.

Le cinéma français récompense ainsi le regard intransigeant que porte sur la Russie depuis des années son réalisateur Andreï Zviaguintsev, quitte à déplaire dans son pays.

Portrait âpre d’une société russe déshumanisée, le film a déjà valu le Prix du jury l’an passé à Cannes au cinéaste de 54 ans, connu pour la beauté plastique de ses oeuvres.

« Faute d’amour » raconte l’histoire d’un couple de Moscovites se séparant pour refaire leur vie chacun de leur côté, avant d’être confrontés à la disparition de leur fils de 12 ans.

Cinquième long-métrage d’Andreï Zviaguintsev, il décrit une société russe plongée dans une atmosphère étouffante, rongée par l’égoïsme et où les citoyens doivent compter sur des bénévoles face à un Etat défaillant et indifférent.

« Faute d’amour » succède au palmarès des César du meilleur film étranger à « Moi, Daniel Blake » de Ken Loach.



De Andrey Zvyagintsev
Avec Maryana Spivak, Alexey Rozin, Matvey Novikov plus
Genre : Drame
Nationalités Russe, Français, Belge, Allemand

Pour Marie-Noëlle Tranchant du Figaro, « Andreï Zviaguintsev signe une nouvelle œuvre magistrale. […] On peut lire le film psychologiquement, histoire de famille et de couples d’où ressortent quelques portraits saisissants, comme la mère terrible de Genia. On peut voir la critique sociale et politique d’un pays que la fin du communisme a voué à des tyrannies et à des corruptions nouvelles, au pouvoir de l’argent, à la domination d’une orthodoxie mafieuse que le cinéaste dénonçait déjà dans Léviathan. Tout au long du film parviennent les échos d’une actualité pleine de violences et d’effrois de fin du monde. ».

Pour Vincent Ostria des Inrockuptibles, « Andreï Zviaguintsev a un problème de style. Il en a trop… Certes, il se soigne et Faute d’amour est un de ses meilleurs films, parce que, comme pour Elena, il ancre son histoire dans la Russie contemporaine. […] Concrètement, ce film dépasse son histoire grâce à une construction qui relativise le pathos de la situation et les constats sociétaux sur l’individualisme mesquin de la petite bourgeoisie russe. […] Le petit garçon, élément ponctuel mais émouvant, est moins un personnage qu’un révélateur ou un catalyseur. Il entraîne le film vers une relative abstraction en évitant le lourd symbolisme des films précédents (Léviathan ou Le Bannissement). L’atmosphère prime enfin sur l’allégorie. ».

Pour Marcos Uzal de Libération, « Tout en affichant sa fierté académique à encadrer, à doser ses petits mouvements de caméra, sa belle image, ses décors trop parfaits, il n’y a pas un plan où Zviaguintsev ne se pose pas en juge de ce qu’il filme. Et arrive ici ce qui arrive toujours dans ce cinéma-là : le cinéaste fait subir à ses personnages exactement ce qu’il leur reproche. […] Car le problème est que les cinéastes de cette espèce, les donneurs de leçons hautains, les pessimistes morgues (dont Haneke reste le sinistre maître) confondent ce qu’ils croient être un constat clinique avec le manque total de générosité de leur regard. En se croyant impitoyablement objectifs, ils ne font que projeter leur propre cynisme sur l’univers mort-né qui leur tient lieu de «réalité». ».

« Faute d’amour », meilleur film étranger aux César

par | 4 Mar 2018 | 0 commentaires

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